Conflit en Ukraine : Si tu veux la paix, assume que tu peux faire la guerre !

TRIBUNE. Rita Maalouf*, candidate PS aux européennes sur la liste de Raphaël Glucksmann, s’associe à la déclaration du président de la République, appelant au réarmement de l’Europe. Elle estime que le soutien européen à l’Ukraine doit être total pour arrêter l’agresseur.

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La situation en Ukraine suscite des débats passionnés et des prises de position divergentes à la suite de la déclaration du président Macron sur la possibilité d’une intervention des troupes occidentales en Ukraine. En réponse, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure et Éric Ciotti sont sur la même ligne : « Il est pure folie d’envisager la présence de troupes occidentales en Ukraine et de menacer la Russie. » La déclaration du président, qui fait écho à celle de Raphaël Glucksmann appelant au réarmement de l’Europe, ne signifie pas nécessairement la guerre mais l’envisage.


Pourquoi d’abord l’agression de la Russie poutinienne en Ukraine est-elle illégitime ? La Russie, en annexant la Crimée, en soutenant les séparatistes dans l’Est de l’Ukraine puis en attaquant l’Ukraine en février 2022, est le facteur de guerre en Europe.


Ensuite, il est moralement indéfendable de dire que nous encourageons la résistance ukrainienne, qui se bat courageusement pour son pays et les valeurs européennes, mais que nous refusons d’envisager de mourir pour l’Ukraine. Cette contradiction morale est difficile à justifier. Comme si nous leur disions « Merci pour votre sang, mais c’est sans nous ». Pourtant, l’Ukraine est notre voisin, et sa lutte concerne aussi nos valeurs fondamentales.

Enfin, si Poutine est certain que l’Europe ne se battra pas, pourquoi arrêterait-il de bombarder l’Ukraine ? La dissuasion est essentielle. Si nous voulons préserver la paix, nous devons montrer notre détermination à défendre nos alliés et nos principes.

À aucun moment, les « pacifistes » du moment ne veulent envisager que le front ukrainien cède. Que devrions-nous faire si la Russie entreprend de nouvelles conquêtes dans d’autres pays, qu’ils soient membres ou non de l’OTAN ? Les mêmes qui nous disent que Poutine n’ira pas plus loin disent que « ce n’est pas la Russie qui menace l’Ukraine, mais l’OTAN qui menace la Russie ». Ils disaient à l’époque aussi « Poutine n’interviendra jamais en Ukraine. »


À un moment donné, il faut, au-delà de l’engagement moral que nous devons aux Ukrainiens, savoir dire stop à l’agresseur. C’est ainsi que l’on sauve la paix !

*Chercheuse, spécialisée en géopolitique, ancienne auditrice de l’IHEDN.

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